mardi 15 mars 2016

Le cyberespace, une nouvelle frontière - Alexandre Hoffarth 2009

Le cyberespace, une nouvelle frontière



Pour le cours: Éthique, NTIC et Société


SOC 2483-01

Université du Québec en Outaouais (UQO)
Automne 2009

Professeur : Ndiaga Loum




Réalisé par Alexandre Hoffarth









Le cyberespace, une nouvelle frontière.


Plan du travail :


  • -          Introduction à la problématique (page 3)

  • -          Synthèse concernant la recherche sur le cyberespace (pages 4-13)

  • -          Opinion critique (pages 14-16)

  • -          Bibliographie (pages 17-19)



Introduction à la problématique :

            Le cyberespace offre aujourd’hui des possibilités presque infinies en créant un nouveau monde, une nouvelle frontière à l’être humain. Cependant, si le cyberespace crée de nouvelles possibilités telles la cyberdémocratie et un accès au savoir de l’Humanité, elle apporte son lot de malheurs comme la cybercriminalité. Tout comme le fut la radio et la télévision, internet le cyberespace sont une révolution technique qui bouleverse nos habitudes et qui pourrai remettre en cause la définition même de l’État, de la Nation et de la Société que nous connaissons et qui perdure depuis des siècles. La question à se poser pour ce travail est donc celle-ci : le cyberespace n’est-il pas en train de bouleverser les règles les plus fondamentales des États-nations et de l’éthique des différentes civilisations ?

Pour essayer d’y voir plus clair, nous allons diviser le travail en deux parties distinctes, la synthèse des écrits et des recherches effectuées pour écrire ce travail et ensuite une opinion argumentée et critique sur la question du cyberespace.

Dans la première partie, la synthèse aura pour but d’éclaircir la thématique du travail en présentant divers auteurs et des exemples tirés d’internet, d’articles ou de livres concernant cette nouvelle problématique.

En seconde partie qui fait office de conclusion avec un point de vue critique, je vais prendre part pour une position qui pourra sembler conservatrice dans le sens où celle-ci portera une critique pessimiste du cyberespace.


Synthèse concernant la recherche sur le cyberespace :

Afin ce comprendre ce qu’est la cyberdémocratie, nous devons définir plusieurs termes qui permettront de comprendre les enjeux et les bases de ce que nous appelons la nouvelle frontière. Mais pour cela, nous devons définir le terme de cyberespace pour savoir de quoi il en retourne. Mais ce qui est sûr pour l’instant c’est qu’il est difficile de séparer internet, qui est l’outil comme celui de la parole, du cyberespace.
 
L’idée de « cyberespace » fut inventée dans les années 1980 par le romancier de science fiction cyberpunk et anti-utopiste William Gibson[1]. Ce néologisme abat les barrières physiques de l’Homme en projetant son corps et son esprit au-delà de ses propres limites. Le médium qu’est internet est de l’ordre de l’immédiat, du direct et établit comme le précise Gibson, une « interface neurologique ». Cependant, juridiquement cela ne peut exister dans le sens où cela est une représentation du monde imaginaire de la science fiction. Réellement, le cyberespace permet d’échanger des données, des messages écrits ou vocaux qui sont stockés au moyen de mémoires électroniques que constituent les serveurs. Selon la constitution du cyberespace “The Constitution in Cyberspace: Law and Liberty Beyond the Electronic Frontier” de Laurence H. Tribe: “That's the term coined by cyberpunk novelist William Gibson, which many now use to describe the "place" -- a place without physical walls or even physical dimensions -- where ordinary telephone conversations "happen," where voice-mail and e-mail messages are stored and sent back and forth, and where computer-generated graphics are transmitted and transformed, all in the form of interactions, some real-time and some delayed, among countless users, and between users and the computer itself”[2]. 

Le cyberespace est donc une notion difficile à comprendre de par son aspect autant naturel qu’artificiel. D’après M. Chawki professeur en droit pénal à l’Université Lyon III: « Naturel car sa source est naturelle : le monde réel. En même temps il est un espace artificiel. Tout d’abord, le langage utilisé est artificiel (celui des mathématiques) en commençant par le codage fondamental (0 et 1 soit le binaire) et en finissant par des équations mathématiques de plus en plus élaborées » [3] .
Le cyberespace contribue donc à l’échange culturel et une application de l’imaginaire qui se subordonne au réel par le simple fait que, l’acteur derrière son « interface neuronale » est souvent inconnu dans le réseau d’échange puisque celui-ci utilise un pseudonyme. Il y a donc une dimension d’anonymat qui permet à la personne connectée de vivre une autre réalité, une autre identité. Ce monde du cyberespace est en perpétuel bouleversement, car ce sont des millions de connectés qui façonnent sa structure. Il n’y a donc pas une véritable intelligence artificielle dans le cyberespace mais plutôt un agrégat des diverses idées et pensées des utilisateurs.

Pour reprendre Chawki quant au développement du cyberespace, il établit dans son essai, une liste dont nous allons nous inspirer et simplement la commenter[4]. Tout d’abord selon sa perception :
-          « La révolution des N.T.I.C. a neutralisé l’espace et le temps, en créant un nouvel espace virtuel : le cyberespace. Ce dernier, à son tour, a rendu l’interaction culturelle et sociale une réalité globale qui constitue une partie intégrale de cultures nationales distinctives ». Comme nous l’avions précisé, le développement des cybers technologies ont fait en sorte que la démocratisation de l’informatique a rapproché les « terriens », issus d’autres nations, dans ce qu’on appelle aujourd’hui le village global selon l’expression de Marshall McLuhan. Bien évidemment, cela est pure utopie puisque comme nous l’avons mentionné plus haut, la réalité est celle qui est identifiable « hors connexion ». Toutefois, l’espace et le temps ne sont plus des paramètres infranchissables par l’interactivité verbale immédiate, qui selon cet auteur supplante le domaine écrit.
-          « Le cyberespace a transformé le rôle Etat-Nation et sa souveraineté. Il a mené à la prolifération des nouveaux acteurs transnationaux et des modèles institutionnels tels que l’Internet Society (ISOC), Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), et l’Internet Engineering TaskForce (IETF) ». Dans ce sens nous avons les alter-mondialistes qui déjouent les règles du système pour faire des actions ponctuelles et coordonnées. Cela est le cas avec des associations comme ATAC ou même Greenpeace.
-          « Le procédé continu d’interaction culturelle et d’échanges d’informations dans le cyberespace, facilité et accéléré par les tendances contemporaines de la mondialisation54, a rendu la culture dans un état continu du flux. Les modèles culturels traditionnels sont de plus en plus transformés par le réseau Internet ». Tout comme la mondialisation, Internet s’appuie sur sa large diffusion afin de toucher à terme tous les foyers de la planète. Enfin ceux qui en ont les moyen...
-          « La navigation dans le cyberespace est devenue un nouveau type de navigation. Une navigation dans la profondeur de la nature « virtuelle », en interaction avec les internautes eux-mêmes. Cette navigation peut être considérée comme la source d’un nouveau type d’imaginaire, qui influence la perception et qui par son rôle, alimente cet imaginaire ».
-           « La causalité dans le cyberespace est différente de celle, locale, régissant le niveau macrophysique et de celle, globale, régissant le niveau quantique. La causalité dans le cyberespace est une causalité en boucle ouverte, due à l’interface homme-cyberespace-temps. L’être humain découvre en lui-même un nouveau niveau de perception grâce à son interaction avec l’ordinateur, et l’ordinateur affine ses potentialités par l’interaction avec l’être humain ».

Le cyberspace est un espace de développement quasi infini du fait que peu de limites juridico-légales ont été mises en application. La raison principale est en toute logique le peu de volonté politique, mais aussi la difficulté à mettre en place une coordination à l’échelle globale. Le cyberespace est donc un nouveau monde, une nouvelle frontière en cours d’exploration comme le fut le Far West au 19ème siècle ou même actuellement l’espace sidéral.

Maintenant, examinons le concept de cyberdémocratie ou démocratie électronique.
Selon Thierry Vedel, spécialiste français politique en démocratie électronique, il existe trois versions de la démocratie électronique : une version populiste, une version libérale, et une version républicaine. Celles-ci répondent à différents problèmes actuels dans nos sociétés de démocratie de représentation[5].

Un des discours sur la démocratie électronique concerne la nature des informations dont disposent les citoyens. Il renvoie à l’idéal du citoyen éclairé cher aux philosophes libéraux tels que Thomas Jefferson (1743-1826) ou John Locke (1632-1704): pour prendre de bonnes décisions et participer à part entière au processus démocratique, les citoyens doivent être complètement informés, donc au courant de tout ce qui se passe autour d’eux voire même dans d’autres pays. Dans cette logique, le déficit de démocratie actuel et la désillusion lors d’élections, ne serait donc pas un manque d’informations mais une incompréhension lors de sa diffusion.

Dans cette perspective, l’internet est imaginé comme un puissant outil d’information au service de la démocratie libérale. Par rapport aux moyens d’information classiquement utilisés par les acteurs politiques (affiches, brochures, journaux, etc.), l’internet permet non seulement d’accroître, sans limite, à peu de frais et presque instantanément, la quantité d’informations fournies aux citoyens. Mais si on analyse l’état de la démocratie actuelle, on remarque que les jeunes (15-35 ans)[6], se servent de l’information comme un outil ponctuel à une question précise qui ne s’inscrit pas dans une information de continuité.

Néanmoins l’internet est susceptible d’améliorer la qualité de ces informations : « reproduction à l’identique de documents originaux, communication de documents qui ne pouvaient jusqu’à présent être reproduits en raison de leur taille, possibilité de mener et d’effectuer rapidement des tris et des investigations ciblées ou de mettre en relation des documents stockés dans des lieux différents grâce à des moteurs de recherche »[7].

Dans ce contexte on peut donc consulter différents documents d’utilité publique comme les réponses aux appels d’offres, les plans détaillés des maisons, les rapports d’expertise… Là encore, une quantité presque infinie de documents consultables. Certains sites proposent même les initiatives privées comme les dons d’argent ou même le montant d’un produit vendu dans une localité ciblée en prenant par exemple les sites de ventes comme Amazon ou EBay.

Toujours selon Vedel, il y également une piste d’étude qui structure l’idée que la de démocratie électronique pourrait être relative aux formes et à la qualité du débat politique. L’internet est vu comme un instrument permettant de stimuler et d’enrichir la discussion entre citoyens. Comme avec les forums de discussions ou le « chat » par exemple[8].

L’information des citoyens n’est plus ici le problème, et est même supposée bonne, du fait de l’élévation du niveau général de connaissances et de l’existence de nombreux médias.

La question centrale serait donc la création d’un espace public vigoureux et ouvert, à même d'accueillir l'expression d'idées multiples et de demandes qui ne peuvent se manifester dans le cadre institutionnel et rigide de la démocratie représentative. Cependant la démocratie électronique donne au débat une importance capitale en oubliant le fondement même de la démocratie politique. Les optimistes, comme le politologue Pierre Levy, de cette démocratie pensent que la démocratie est un débat permanent comme il en a existé dans la cité d’Athènes lors des séances de l’Agora. Toutefois selon mon point de vue, ils en oublient l’aspect de la réalité et de la prise de décision, ce que les grecs anciens n’avaient pas négligés. La prise de décision est souvent prise à la légère devant l’utopisme « cyberdémocratique » par le fait que les acteurs sont virtuels. Donc au final, ils peuvent faire n’importe quoi car aucune contrainte de violence légitime ne peut s’appliquer sur eux.

Plus clairement, l’internet, en rendant possible des discussions dans des forums, des messageries ou des listes de diffusion, se voit reconnaître par les défenseurs d’une démocratie électronique de nombreuses vertus susceptibles de revitaliser une véritable démocratie du débat. Cela est peut être possible, mais les futures générations devront posséder de plus en plus la maitrise de cet outil puissant sans iniquités de richesses. Encore utopique là aussi.

D’autres pistes existent aussi concernant la démocratie virtuelle dans le texte de Vedel. Celles ci se répartissent en plusieurs lieux qui sont : « la liberté et l’authenticité ; qui traversent les frontières géographiques, sociales et culturelles ; la compréhension mutuelle ; qui crées  du lieu social et regroupent les identités collectives ; l’auto-régulation »[9]. La cyberdémocratie n’est donc pas qu’un moyen d’expression mais également une nouvelle culture en plein essor construite à partir de l’agrégat de diverses cultures réelles ou fantasmatiques, toutefois guidé par un esprit de liberté et d’idéologies politiques diverses.

Maintenant, nous allons définir rapidement l’acteur dans la cyberdémocratie par le terme « hacktiviste ». On peut considérer que l’hacktivisme en tant que tel existe depuis 1986. C’est un néologisme entre les mots « hacker », « activisme » et dans une certaine mesure « art »[10]. Cette idéologie et pratique aurait été fondée lors du Manifeste du Hacker, écrit par un anonyme en 1986 dont en voici un extrait : « Je suis un hacker, et ceci est mon manifeste. Vous pouvez arrêter cet individu, mais vous ne pouvez pas tous nous arrêter… après tout, nous sommes tous les mêmes ». Cette phrase qui conclut le manifeste permet de situer l’idéologie du hacker[11]. Le hacker agit des fois par conviction politique, mais ceux-ci sont des virtuoses de l’informatique (white hat). Certains agissent pour leur propre compte avec rémunération par exemple. D’autres ont des motivations plus anarchiques et prennent à plaisir à déjouer les règles de la vie dans la société su réel (black hat)[12].
Alors Le citoyen lambda serait-il un hacker dans la démocratie électronique ? Surement pas et pour reprendre l’analyse du politologue Laurent Gayer, il existerait un « cybernationalisme » qui est : « une utilisation intense et multiforme de l’internet par les entrepreneurs identitaires contemporains, qui trouvent appui sur le réseau des réseaux pour contourner les autorités étatiques qu’ils combattent et pour donner corps, par la parole et par l’image, aux communautés qu’ils (ré)inventent par delà les frontières »[13]. Ce serait en fait une sorte de résistance nationale d’une communauté de personnes connectées à l’univers du cyberespace. Une contre mondialisation culturelle en utilisant des moyens d’actions que l’on considère aujourd’hui comme peu conventionnels mais qui se généraliseront dans l’avenir. L’internet est donc un outil de communication et de protestation dans ce cas-ci. Il suffit de regarder les sites d’ATTAC[14] pour la gauche réformiste qui propage des idées différentes par le biais de sites en plusieurs langues, ou de l’autre coté « François de souche » pour les identitaires en France[15]. Pour les plus acharnés et nostalgiques nous avons aussi le KKK qui propose une vision très… différente du monde[16]. On trouve de tout sur internet.

Mais, supposons donc que l’hacktiviste utilise ses réseaux afin de faire de la propagande politique sans utiliser le piratage ou d’autres moyens douteux, est-ce une infraction ou bien un crime ? La question est à se poser puisque l’on vient de démontrer qu’internet est un moyen de communication qui, certes, n’est pas ou presque peu limité par des lois spécifiques régissant les crimes purement électroniques. Pour étayer la réponse nous devons nous pencher sur un cas particulier, celui de la liberté d’expression en Russie postsoviétique, soit la Russie actuelle de Vladimir Poutine.

Cet exemple est un cas école vis-à-vis du contrôle de l’information à l’ère électronique. Poutine et sa « famille politique » des oligarques essaient par tous les moyens de contrôler l’information entrante et sortante afin de museler toute opposition afin d’établir une seule et unique voie, celle de la restauration de la Grande Russie. Ce « nostalgisme » idéologique utilise toutefois des moyens de lutte très poussés que l’on nomme siloviki[17]. L’ex-Président Poutine, aujourd’hui premier ministre, sait très bien que la contestation par internet n’est pas qu’un pavé en pixel lancé dans une marre numérique. Les réseaux sont ici très important parce que plus la population de la Russie s’enrichie, plus elle a accès à l’information de masse par le pouvoir d’achat. Cela est confirmé statistiquement par deux chiffres. En 2006 le taux de connexion à internet dans ce pays était de 111 pour mille[18], en 2007 il était de 151 pour mille[19], soit une augmentation de 36% en 1 an. Cela est donc à mettre en rapport avec l’augmentation du niveau de vie des russes. Internet est donc devenu un lieu de pouvoir et les autorités nationales russes essaient d’instaurer une Police de la Pensée[20] comme le prédisait George Orwell en son temps. Ironiquement, les hackers russes se disent nationalistes, donc cybernationalistes pour reprendre Laurent Gayer, tandis que le FSB (néo KGB) et consorts déclarent illégaux ces individus en s’octroyant de juger de leurs patriotisme à l’égard du gouvernement actuel. Comble du malheur pour les pouvoirs russes, les plus grands hackers se trouvent souvent en Russie.
De là à dire que les hackers russes sont un contre-pouvoir envers l’État, il n’y a qu’un pas. Rappelons-nous des vidéos de tortures dans les prisons Sibériennes diffusées sur Youtube et Daily-motion[21]. L’image médiatique a un pouvoir qui ternit la face de la société et le système Poutine essaie par dessus tout de s’approprier cette force, ce pouvoir de transmission de l’information. La vraie question est de savoir si c’est un crime de ne pouvoir diffuser l’information librement ou bien si par un facteur culturel et national, c’est un crime de la diffuser quand cela porte atteinte, ici, à l’image du renouveau de la « Grande Russie ».

On peut également citer le cas du Tibet dans l’actualité. Nous avons à faire à deux acteurs, l’Occident et la République Populaire de Chine qui, par leur puissance politique mettent tout en œuvre pour contrôler l’information et tous les moyens d’expression connus, en particulier internet. Dans la « lutte à mort » contre le Dalaï Lama selon Zhang Qingli numéro un du parti Communiste Chinois, le gouvernement de l’Empire du Milieu censure la presse nationale et internationale en détruisant les images de la réalité et en limitant l’accès à internet afin que les chinois eux-mêmes puissent s’informer autrement que par la source officielle[22]. En Chine, l’information est encore plus contrôlée car elle est institutionnalisée. Le simple fait d’écrire quelque chose contre le régime peut mener à la prison comme ce fut le cas pour le journaliste Shi Tao[23]

Mais, attention, la cyberdémocratie planétaire, malgré son aguichante provocation, recèle de nombreux points noirs. Un danger que l’on peut voir est que malgré le fait que l’on dénonce ces pratiques de contrôle en Occident celui-ci n’a aucun scrupule à utiliser les mêmes armes afin de faire de la propagande contre le gouvernement chinois en mettant de l’avant les tibétains se faisant « attaquer » par les autorités chinoises. Afin de rendre cela plus crédible, on interroge seulement les touristes présents comme seule source fiable et crédible[24]. Le parti prit est tellement évident et fonction à merveille ; les associations occidentales de « protection de tous les droits fondamentaux » (selon leur vision) en ont appelé au boycottage des jeux olympiques de Pékin et de la cérémonie d’ouverture[25]. En attendant, la presse qatarie diffuse sur Al-Jazzera sa propre version des événements en montrant des chinois attaqués par des tibétains ainsi que la destruction de nombreux commerces appartenant à des chinois ou à l’État comme on le voit avec l’attaque de la « Bank of China ». Cependant, Al-Jazzera montre le Dalaï Lama comme homme de paix face à un gouvernement chinois déterminé[26].

Internet est donc une source d’information d’un immense potentiel et peut s’avérer dangereux pour n’importe quel État. En essayant de brimer la liberté d’expression, les structures gouvernementales organisent un « contre-hacktivisme » idéologique afin de contrôler l’information sortant et entrant dans les réseaux de diffusion du net. Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que les internautes réfractaires sont considérés comme des dissidents dans ces pays. Avec cette recension nous pouvons passer à la conclusion en se demandant si tout cela n’est pas qu’une véritable lutte de pouvoir pour la propagation de différentes idéologies.

Opinion critique :

Avec ce que nous avons vu dans le développement de ce travail, le cyberespace tel qu’on nous le présente recèle diverses approches. Dans cette conclusion critique je vais prendre position contre le développement de cette cyberdémocratie en essayant de montrer comment cette soif de liberté peut se transformer en État totalitaire virtuel. Ma vision du cyberespace est sans nul doute assez pessimiste même si celle-ci offre d’incroyables possibilités.

D’un point de vue philosophique, il faut s’attarder sur le concept de liberté que donne le cyberespace à ses utilisateurs. Internet est un nouveau monde à explorer et en pleine mutation et sa force réside dans le fait que le construire offre des possibilités quasi infinies mais aussi une liberté de mouvements et d’actions que l’on ne peut faire dans le monde réel. L’accès à l’information presque partout sur la planète n’a jamais autant donné au citoyen le pouvoir de se téléporter au moins numériquement dans une autre contrée quasi simultanément. Cet outil nous donne donc la possibilité de « voyager » sans limites apparentes, sauf physiques, en détruisant les barrières spatio-temporelles auxquelles nôtre réalité nous avait habituées. Il existe toutefois encore une barrière d’ordre intellectuelle qui serait en fait la langue maternelle face à tous les choix des sites Internet existant, mais là encore les traducteurs se perfectionnent et aujourd’hui nous pouvons même choisir la langue dans laquelle on veut voir apparaitre ses pages.

Internet serait donc la liberté de se cultiver, d’échanger et d’accroître nos possibilités de développement de soi et d’autrui. Cet outil est donc une nouvelle aventure humaine dans le sens où comme la radio et la télévision, elle bouleverse notre perception et notre mode de vie. Internet devient avec l’espace sidéral, les deux dernières frontières techniques connues puisque son renouvellement est permanent.

Toutefois, la liberté totale entraîne, comme nous l’avons vu dans la première partie, un développement d’actes criminels (pédopornographie, extorsions, chantages, vols, ; espionnage industriel, etc…). En cela, internet et le cyberespace sont bien des inventions humaines… On peut donc affirmer, que l’utilisation de l’outil internet par l’Homme amène des problématiques de société réelle dans un autre univers, celui du cyberespace. Dans ce cas-ci, la question à se poser est donc de savoir si l’Homme corrompt la machine en biaisant son utilisation ? Avec un peu d’humour, faut-il un jour s’attendre à un évènement comme dans le film Terminator avec son Skynet tout puissant ? ...

En outre, c’est également une arme de « contamination massive » dans le fait qu’elle s’affranchie des barrières autant juridiques que westphaliennes en ignorant les frontières et les cadres légaux de l’État de droit. Cela pose donc divers problèmes d’ordre éthique puisque les diverses législations nationales ont de la difficulté à s’immiscer dans le cyberespace. Mais plus encore, Internet et ses réseaux peuvent diffuser tout et n’importe quoi et l’utilisateur, qu’il soit érudit ou non, universitaire ou manuel pourra se voir influencer par un article ou une vidéo ; même si celle-ci n’est authentique ou référencée.

C’est donc pour cela que des États comme la Russie ou la Chine tentent avec plus ou moins de succès de contrôler l’information ; parce que celle-ci, qu’elle émane du local ou de l’international, qu’elle soit vraie ou fausse, comporte un aspect contraire à la philosophie politique présente ou établie. Cela bafoue également les coutumes et traditions de ces nations qui n’ont qu’un seul souci, leur monopole politique territorial. Ils voient dans internet et la société du cyberespace un danger incontrôlable qui pourrait détruite le pouvoir du politique. D’une certaine manière j’approuve même le fait qu’un État puisse contrôler de l’information dans le sens où celui-ci le fait pour protéger son identité, et donc sa cohésion nationale.  

A mon humble avis, la guerre de communication entre deux types d’États va s’accentuer. Car la guerre des communications est perpétuelle et c’est un nouveau « Choc des civilisations » pour reprendre le titre du livre de Samuel P. Huntington[27]. Toutefois dans son œuvre, il n’avait par envisagé que cela se ferait par Internet mais par affinité culturelle, le livre étant apparu en 1996. Ces deux idéologies différentes se confrontent en fait sur un seul point, la mondialisation politique et économique de la planète. Les premiers, ceux que l’on appelle les Occidentaux ou les « bons » pour reprendre les tes propos de Georges W Bush (celui qui a changé le monde). Dans ce camp nous avons les membres de l’OTAN, Union Européenne, atlantistes ou alter-mondialistes biens pensants proposent un projet d’unification politique à terme de la planète, avec une cyberdémocratie planétaire. C'est-à-dire que les États-Nations n’auront plus lieu d’être et le monde sera régionalisé comme c’est le cas avec l’Union Européenne qui n’est qu’un test, un prélude local de ce qui pourrait être fait globalement. La preuve en est avec la désignation très démocratique d’un Président de l’Union Européenne du très connu Hermann Van Rompuy et de la création du poste de Haut représentant aux affaires étrangères avec  la britannique Catherine Ashton. En terme clair la perte de souveraineté diplomatique pour les membres de l’Union. Dans le second camp se trouvent les moins bons, « l’axe du mal » avec les méchants Russes (oui encore), « le péril jaune » avec la Chine et la Corée du Nord, l’Iran (les barbares orientaux de la lointaine Perse…) et aussi la raciste Confédération Suisse depuis le 29 novembre 2009 avec son vote démocratique et direct vieux de plusieurs siècles sur l’interdiction des minarets. A voir l’excellent débat idéologique sur cette question entre Oskar Freysinger et Daniel Cohn Bendit du 1er décembre 2009[28].

Il est vrai que j’ai présenté cela sous un ton cynique et humoristique, mais la menace de « totalitarisation » de la société au niveau planétaire par internet et sa vitrine de cyberdémocratie n’est pas à prendre à la légère.

Pour finir, le cyberespace et internet sont des outils qui pourraient accomplir des miracles en termes de progrès scientifiques ou humains. Mais le savant mélange entre économie et politique corrompt son utilisation et modifie grandement notre société. La véritable question à se poser est : sommes-nous trop « jeunes » pour un tel objet de technologie ?



Bibliographie : 
Les notes de cours ainsi que les lectures s’y rapportant.

Articles scientifiques :
1-      Chawki, Mohammed (2006), «  Essai sur la notion de cyberciminalité», (36 pages),IEHEI
2-      Gayer, Laurent (2003), « Les enjeux du « cybernationalisme » et du « hacktivisme », Le voleur et la matrice, (54 pages), Sciences Po IEP Paris.
3-      Trudel, Pierre (2004), “L’encadrement des technologies par le droit: nécessité et sources de changements”, Notions nouvelles pour encadrer l’information à l’ère du numérique : l’approche de la loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information, Vol. 106, p 287-339.
4-      Vedel, Thierry, (2003), « L’idée de démocratie électronique, origines, visions, questions », Le désenchantement démocratique, Edition de l’Aube, (p 243-266)

Autres :
1-      D’après le Larousse 2006 : Cyberespace : n.m (anglo-américain. Cyberspace) Espace virtuel rassemblant la communauté des internautes et les ressources d’informations numériques accessibles à travers les réseaux d’ordinateur. Le terme est apparu au début des années 1980 dans une nouvelle du romancier William Gibson intitulée Burning Chrome parue en 1982.

Monographies :
1-      Badie, Bertrand et Didiot, Béatrice. 2006. « L’espace postsoviétique », L’État du monde 2007.Page 419. Montréal : Les Éditions du Boréal. (ISBN-13 : 978-2-7646-0485-4).
2-      Huntington, Samuel P. (1996). Le Choc des civilisations, Editions Odile Jacob. (ISBN 978-2-7381-0839-5).
3-      Orwell, George (1950). 1984. Paris, Gallimard (édition de 2005).
4-      Wolton, Thierry (2008). « Le KGB entre en jeu », Le KGB au pouvoir, le système Poutine, Paris : Buchet et Chastel. (ISBN : 978-2-283-02288-7).

Sites Internet :
1-      Article concernant la censure chinoise daté du 18 mars 2008 sur le site Le Point.fr : http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/tibet-la-chine-censure-le-web-et-y-construit-sa-verite/1387/0/230359
2-      Constitution de la cyberdémocratie de Tribe sur : http://epic.org/free_speech/tribe.html
3-      Définition des white et black hat inspirée par le site de wikipédia à la page: http://fr.wikipedia.org/wiki/White_hat
4-      Manifeste du Hacker sur le site russe : http://manifest.net.ru/manifest_en.html
5-      Site de statistique Canada : http://www40.statcan.ca/l02/cst01/comm15_f.htm
6-      Vidéo de Daily-motion d’un reportage de France 2 le 13 février 2008 (lien mort): http://www.dailymotion.com/relevance/search/tortures%2Brusses/video/x4d0ey_tortures-punitions-en-russie_politics
7-      Vidéo d’un reportage de TF1 datée du 15 mars 2008 sur le site daylimotion.com : http://www.dailymotion.com/relevance/search/tibet/video/x4q3l5_la-situation-au-tibet-au-15-mars-20_politics
8-      Vidéo d’un reportage de la télévision Al-Jazzera daté du 19 mars 2008 : http://fr.youtube.com/watch?v=W0zBkFBySyI
9-      Site de la Télévision Suisse Romande : http://www.tsr.ch/
10-  Site de France 24 : http://www.france24.com/fr/
11-  Site de “Le Point”: http://www.lepoint.fr/
12-  Site du Blogoscoped : http://blogoscoped.com/
13-  Site d’ATTAC France : http://www.france.attac.org/
14-  Site de François de souche : http://www.fdesouche.com/
15-  Site du KKK : http://www.kkk.bz/
16-  Site de wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil





[1] D’après le Larousse 2006 : Cyberespace : n.m (anglo-américain. Cyberspace) Espace virtuel rassemblant la communauté des internautes et les ressources d’informations numériques accessibles à travers les réseaux d’ordinateur. Le terme est apparu au début des années 1980 dans une nouvelle du romancier William Gibson intitulée Burning Chrome parue en 1982.
[2] Constitution de la cyberdémocratie de Tribe sur : http://epic.org/free_speech/tribe.html (lien toujours actif et revérifié le 22 décembre 2009)
[3] Chawki, Mohammed (2006), «  Essai sur la notion de cyberciminalité», (36 pages),IEHEI
[4] idem
[5] Vedel, Thierry, (2003), « L’idée de démocratie électronique, origines, visions, questions », Le désenchantement démocratique, Edition de l’Aube, (p 243-266)
[6] Site de statistique Canada : http://www40.statcan.ca/l02/cst01/comm15_f.htm
[7] Vedel, Thierry, (2003), « L’idée de démocratie électronique, origines, visions, questions », Le désenchantement démocratique, Edition de l’Aube, (p 243-266)
[8] Vedel, Thierry, (2003), « L’idée de démocratie électronique, origines, visions, questions », Le désenchantement démocratique, Edition de l’Aube, (p 243-266)

[9] idem
[10] http://fr.wikipedia.org/wiki/Hacktivisme (vérifié le 22 décembre 2009)
[11] http://blogoscoped.com/archive/2007-07-30-n19.html (en anglais mais je me suis permis de traduire)
[13] Gayer, Laurent (2003), « Les enjeux du « cybernationalisme » et du « hacktivisme », Le voleur et la matrice, (54 pages), Sciences Po IEP Paris.
[17] Thierry Wolton définit les siloviki par l’ensemble des services secrets russes, ce sont les héritiers des techniques du KGB (aujourd’hui FSB) en utilisant les technologies de pointe dans son ouvrage : Wolton, Thierry (2008). « Le KGB entre en jeu », Le KGB au pouvoir, le système Poutine, Paris : Buchet et Chastel. (ISBN : 978-2-283-02288-7).
[18] Badie, Bertrand et Didiot, Béatrice. 2006. « L’espace postsoviétique », L’État du monde 2007.Page 419. Montréal : Les Éditions du Boréal. (ISBN-13 : 978-2-7646-0485-4).
[19] Badie, Bertrand et Tolotti, Sandrine. 2007. « L’espace postsoviétique », L’État du monde 2008.Page 409. Montréal : Les Éditions du Boréal. (ISBN : 978-2-7646-0559-2).  
[20] Orwell, George. 1950. 1984. Paris, Gallimard (édition de 2005).
[21] Site daily-motion d’un reportage de France 2 le 13 février 2008 : http://www.dailymotion.com/relevance/search/tortures%2Brusses/video/x4d0ey_tortures-punitions-en-russie_politics (vidéo retirée mais qui marchait le en novembre 2009)
[22] Article concernant la censure chinoise daté du 18 mars 2008 sur le site Le Point.fr : http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/tibet-la-chine-censure-le-web-et-y-construit-sa-verite/1387/0/230359 (revérifié le 22 décembre 2009) l’article date du 18 mars 2008.
[23] http://cpj.org/2005/08/imprisoned-journalist-shi-taos-family-files-for-re.php (lien revérifié le 22 décembre 2009) l’article date du 25 aout 2005
[24] Vidéo d’un reportage de TF1 datée du 15 mars 2008 sur le site daylimotion.com : http://www.dailymotion.com/relevance/search/tibet/video/x4q3l5_la-situation-au-tibet-au-15-mars-20_politics
[26] Vidéo d’un reportage de la télévision Al-Jazzera daté du 19 mars 2008 (lien revérifié le 22 décembre 2009): http://fr.youtube.com/watch?v=W0zBkFBySyI
[27] Huntington, Samuel P. (1996) : « Le Choc des civilisations », Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-0839-5)

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