mardi 15 mars 2016

La mondialisation et l'administration publique, ENAP - Alexandre Hoffarth 2011

La mondialisation et l'administration publique


Une mise en contexte de la mondialisation

Depuis les deux dernières décennies du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui, les administrations publiques nationales ont vu de nombreux comportements ou habitudes modifiées afin de répondre à la mondialisation.

Comme le souligne Palmisano (2006), les entreprises sont un des acteurs essentiels de la mondialisation de l’économie.  Ce n’est pas sans poser divers problèmes comme nous le verrons avec les États nationaux. Mais il faut souligner que si les firmes transnationales sont le vecteur principal de la mondialisation, elles ne la maîtrisent pas forcément. Toutefois, elles
Les firmes transnationales ou globales pour reprendre Palmisano (2006) contribuent au développement des échanges internationaux avec leur implantation un peu partout sur planète.


Une politique idéologique issue du privé qui bouleverse nos habitudes

C’est en ce sens que l’idéologie du secteur privé a instauré une nouvelle division internationale du travail (DIT) en modifiant profondément le tissus industriel des États-Nations mais également la culture d’entreprise.

État-partenaire (PPP) ; perte du politique (idéologie et philosophie) ; influence des grands groupes ; néo-libéralisme ; lois qui changent ; accommodements ; Multiculturalisme (montée extrémiste, même Sarkozy et Merkel le disent http://www.ledevoir.com/international/europe/316672/echec-du-multiculturalisme-europeen-l-islam-dans-la-ligne-de-mire) ;

Cependant, la mondialisation a apporté des points positifs en ce qui à trait aux échanges commerciaux. Prenons le cas de la Hongrie que nous avons vu récemment en cours, celle-ci a pu intégrer le système économique mondial après être restée sous domination politique soviétique et économique du COMECON. Aujourd’hui, elle a même une entreprise multinationale  

Liens commerciaux plus étroits ; rapprochement culturel pour les relations internationales ; Mobilité accrue ; Interdépendance des marchés favorable à la paix




Des contraintes managériales, de relations internationales et économico-sociales sur l’appareil étatique

Au niveau des contraintes, les stratégies des firmes transnationales face à la mondialisation ont des effets sur toutes les strates de la société, en particulier dans les pays développés. Dans le cas de la différenciation des produits, les produits deviennent de plus en plus complexes, incorporant de plus en plus de technologies et les incorporant de plus en plus rapidement. Cela nécessite une main d’œuvre de plus en plus qualifiée, excluant ainsi les travailleurs les moins qualifiés de l’emploi dans les firmes transnationales mais aussi dans leurs sous-traitants qui ont les mêmes exigences au niveau de la qualité. Les délocalisations aboutissent à peu près au même résultat : en transférant les emplois les moins qualifiés dans d’autres pays, se développent dans le pays d’origine des emplois de gestion, de contrôle, enfin tout ce qui a trait au management et qui nécessitent qualifications élevées.

Quels sont les effets de ces transformations des emplois sur les inégalités ? Au même titre que le progrès technique, la mondialisation supprime dans les pays développés les emplois les moins qualifiés pour développer d’une part les emplois en amont du processus productif lui-même et ceux qui gèrent  la complexité de la répartition des tâches entre les pays, d’autre part des emplois dans lesquels la flexibilité exigée des travailleurs s’accroît pour permettre de varier l’offre quand la demande varie.  Résultat : les travailleurs ne pouvant présenter des qualités sur un de ces deux plans ne trouvent plus d’emploi. Cela accroît donc les inégalités puisque un travailleur peu qualifié, désavantagé sur le plan du salaire, sera de plus menacé sur le plan de l’emploi, avec peu de perspective de sortir du chômage s’il a été licencié. Ces travailleurs vont donc constituer le noyau dur du chômage. Ce qui accroît d’autant plus la pression sur les États et les citoyens de compenser de manière fiscale cette main d’œuvre sans emplois.

Donc cette recherche de la compétitivité à tout prix débouche sur une remise en cause de ce qui peut élever le coût du travail (protection sociale, en particulier) et aussi de ce qui peut limiter sa flexibilité, comme la réglementation du travail par exemple. De ce fait, cela a une incidence sur la psychologie liée au travail augmente aussi les risques de stress et donc sa pénibilité, mais aussi d’une pression de plus en plus accrue en ce qui concerne l’avenir professionnel. Sur tous ces plans, la mondialisation accroît la pression sur les travailleurs les plus fragiles et contribue donc à l’augmentation des inégalités sociales.

Les États sont évidemment interpellés par les conséquences sur l’emploi sur leurs territoires. Ils étudient et essaient de répondre en rapport aux stratégies des firmes face à la mondialisation. Leur action n’est cependant pas évidente car la mondialisation se réalise dans un monde d’Etats-nations politiquement autonomes, du moins pour certains, mais économiquement interdépendants. Et c’est là qu’est tout le problème. Comment garder une cohésion et une indépendance des États tout en adoptant des règlementations qui s’imposent à tous ? Peut-être que la Corée du Nord y arrive…


Changement de culture d’entreprise public pour se mettre en accord avec le privé

Souveraineté nationale ; états de moins en moins présents ; relations internationales entre états remises en question ; Union Européenne et perte de souveraineté des membres

Mondialisation des services publics ; Perte de pouvoirs régaliens ;


Vers une souveraineté partagée ?

A mon humble avis, la mondialisation a des effets désastreux sur la culture de l’état national et en particulier sur le facteur du travail. Comme nous l’avons vu, en changeant la culture de l’administration publique d’un État, nous changeons également certains principes identitaires et nationaux qui composent toute la vie en société, la manière de travailler, de penser. Les politiques publiques sont différentes, les services changent et la comparaison avec le passé qui été basé sur le concept d’État-nation classique se fait de plus en plus dans le débat politique comme nous l’avons vu avec la montée des extrémistes. Qu’ils soient politiques ou religieux, le constat est le même, les politiques publiques doivent s’adapter à ces nouvelles contraintes et donc changer certaines pratiques et lois pour assurer la sécurité collective.  

On pourrait se demander si les Etats ont encore du pouvoir face aux grands groupes. Le poids économique de ces entreprises est souvent énorme, leurs décisions stratégiques semblent ne pas pouvoir être contrôlées, ce qui fait apparaître les Etats comme impuissants à exercer une quelconque activité de contrôle.

De plus, les politiques économiques ont un cadre national. Non seulement elles ne peuvent pas s’imposer aux firmes transnationales mais elles sont parfois contrecarrées directement par les décisions des firmes transnationales : quand un Etat décide de lutter contre le chômage dans une région spécialement touchée et qu’une firme transnationale décide la délocalisation d’une de ses unités de production située dans cette même région, que peut faire l’Etat ?
Enfin, les exigences de compétitivité et de flexibilité sont parfois présentées, en particulier par le patronat, comme des nécessités auxquelles les Etats et donc les administrations publiques devraient se plier, sans en mesurer les conséquences sociales et culturelles, en les imposant à la nation toute entière ; par la modification de la législation du travail ou l’abaissement des charges sociales. Prenons exemple sur les pays du nord de l’Europe (en particulier la Scandinavie), dans lesquels le poids de la fiscalité est très lourd, montrent sans doute que la simplicité n’existe pas que nous devons nous adapter en fonction de la culture nationale.

On voit bien, finalement, que l’État national est mis en cause au travers de la mondialisation et des stratégies des firmes transnationales. Mais les décisions politiques doivent-elles être obligatoirement des sous-produits des nécessités économiques ? Cet état de fait est qu’il n’y a pas de cadre politique convenant au contrôle des firmes transnationales. Il faudrait lors qu’il soit mondial, comme les firmes transnationales le sont et qu’elles soient en accord avec les cultures nationales. Mais là encore, le constat est mitigé si nous regardons ce qui se passe dans l’Union Européenne et le libre marché qui fait des ravages dans les pays industrialisés. Sommes-nous au début d’une transformation des État-nations en administrations corporatives régionales comme nous le voyons avec l’Union Européenne ? Parce ce qui est sûr, c’est que le principe même de la mondialisation et en particulier dans l’administration publique tient un double discours. D’un côté on décentralise des pouvoirs aux localités pour les citoyens et de l’autre on retire notre indépendance nationale.

De ce fait, allons-nous donc vers un système administrativo-économique hybride, un partage de la souveraineté entre les pratiques de la mondialisation issues du secteur privé et ce qui reste des concepts des États-nations ?



Bibliographie :

Articles :

Braibant, Guy (2002). « Le passé et l’avenir de l’administration publique ». Revue française d’administration publique. Avril-Juin 2002. Numéro 102. P : 213-221. Pages 1580. ENA. « Cet article est issu d’une conférence prononcée le 20 mars 2002 à Bruxelles à l’Institut international des sciences administratives. Le texte a été publié dans le volume 68, n° 3, septembre 2002, de la Revue internationale des sciences administratives, à laquelle nous adressons nos remerciements pour son aimable autorisation de publication (NDLR) ».

Palmisano, Samuel J. (2006). « The globally integrated enterprise ». USA. Foreign Affairs. May/June 2006. Vol.85. Number 3. P : 127. Pages 5. ISSN 00157120.

Conklin, David (2006). « Hungary’s Reform Process”, Richard Ivey School of Business, Cas no. 9B06M081, London (Ontario), Canada, Ivey Publishing, 17 pages.

Autres :
Notes de cours d’économie politique des cours au Lycée Victor Duruy, Mont-de-Marsan, France

Monographies :
Kübler, Daniel, de Maillard, Jacques (2009). « ». Dans : Analyser les politiques publiques. France. PUG. 221 p. Chap . P . 978-2-7061-1539-4.


Mercier, Jean (2004). « ». Dans : L’administration publique. De l’École classique au nouveau management public. Canada. PUL. 518 pages. P. ISBN 2-7637-7831-3

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